Près de la cheminée, le soir...

Il faisait nuit, et les derniers élèves de serpentard dormaient déja depuis longtemps. Ne voulant pas les déranger, et préférant être seul, il préféra s'installer dans la salle commune.

Jacen revenais de l'infirmerie. Il laissa tomber son sac, et s'approcha de la cheminée. Les pensées se bousculaient dans son esprit.

La lettre.

La chute.

Alzaëlle.

Tout étais allé si vite et si lentement à la fois...

Il se rendit alors compte que malgré le temps passé à l'infirmerie, la fatigue reprenais le dessus sur son corps.

Ne tenant plus très bien sur ses deux jambes, il s'assis près du feu encore rougeoyant, sur un des fauteuils verts et noirs à l'écusson de sa maison.

Quelques minutes plus tard, Jacen dormais profondément. Il rêvait...

Alzaëlle entra dans la Salle Commune de Serpentard.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir la silhouette endormie de Jacen dans un fauteuil, près du feu.

Elle s'approcha de lui puis, elle murmura, pour ne pas réveiller les personnes qui dormaient dans les dortoirs:

"Jacen... Jacen, tu m'entends?"

La jeune fille tenait l'Eclair de Feu IV de son camarade et avait déposé son Platinium contre l'un des fauteuils de la Salle Commune.

Elle attendait.

Jacen est en train de voler sur son eclair de feu.

Une forme noire se dresse devant lui. Un mangemort.

Il prends sa baguette, mais le mangemort la lui arrache, et lève la sienne, ricanant...

Il hurle ces deux mots :

«Aveda Kadavra !»

Il hurle, cherchant à éviter l'éclair de lumière qui lui fonce dessus. Une voix l'appelle. «Jacen... Jacen...»

Il se réveilla en sursaut et attrapa le bras de la forme noire qui se trouvais devant lui.

Il constata alors qu'il s'agissait d'Alzaëlle. Soupirant, il la lâcha, et retomba dans son fauteuil.

"Désolé. je..."

Pouvais-t-il lui dire ? Oui, après tous, elle lui avait sauvé la vie.

"J'ai fait un cauchemar. Un horrible cauchemar."

Il eu un petit sourire ironique.

"Et d'une certaine fçon, tu m'a encore sauvé..."

Il repensa à cet effrayant mangemort, et s'efforce de le chasser aussitôt de sa tête. Il releva son regard sur Alzaëlle.

"Tu t'es enfin réveillée... Tes blessures sont résorbées ?"

Alzaëlle hocha la tête, puis un léger sourire s'esquissant sur son visage, elle lui répondit:

"Oui, ça va mais évite de refaire un truc dans le genre, la prochaine fois, je te laisse t'écraser sur le sol."

La jeune fille tendit alors l'Eclair de Feu IV en direction de Jacen en annonçant:

"Tiens. Je l'ai récupéré à l'infirmerie."

Alzaëlle fit ensuite quelques pas dans la Salle Commune, puis, fixant intensément de ses yeux d'encre Jacen, elle lui demanda d'un ton grave:

"Ca va aller?"

Finie la fausse joie, finie la fausse ironie.

Alzaëlle n'oubliait pas que son camarade venait de perdre ses parents.

C'était curieux de s'inquiéter pour quelqu'un, tout du moins pour Alzaëlle. La jeune fille n'arrivait pas à imaginer la douleur que devait éprouver son camarade, elle savait seulement qu'il devait être profondément triste...

Ca s'arrêtait là.

Elle le savait mais elle n'allait tout de même pas renier du jour au lendemain l'éducation des Heardarken.

C'était impossible.

Jacen attrapa son balai, le posa doucement près de la cheminée, et resta debout près de celle-çi. Il faisait très froid.

Le comportement de sa jeune camarade semblait avoir changé. Elle paraissait... plus naturelle.

En seulement quelques heures, elle était passée par beaucoups d'actions, d'émotion... beaucoups trop, même pour un Heardarken.

Alzaëlle lui adressa alors la parole, pour lui demander si tout allait bien.

Il ricana doucement.

«He bien, J'ai perdu en quelques secondes ma famille et mes espoirs dans l'avenir... comment pourrais-t-on aller mieux ?»

Jacen se retourna et appuya sa tête contre le mur de la cheminée, les yeux fixés dans les quelques braises qui luisaient doucement.

*Pourquoi me faire subir tout ça... je n'ai que 11 ans !!! *

Alzaëlle regarda tristement son camarade.

Elle se sentait terriblement impuissante face à la douleur qui submergeait Jacen, terriblement impuissante de ne pas pouvoir entièrement comprendre ce qu'il ressentait, terriblement impuissante encore de ne pas pouvoir le consoler.

"Désolée."

Un mot fade.

Tant pis.

Elle s'approcha légèrement de la cheminée puis elle annonça à son camarade, les sourcils légèrement froncés, les yeux implaquablement redevenus ceux d'une Headarken; froids, sombres et insondables:

"Je sais..." Non, elle ne savait pas. Elle rectifia: "Je ne pense pas que ton avenir soit irrémédiablement anéanti.

A condition de ne pas sombrer." ajouta-t-elle d'une voix grave.

Jacen ne bougea pas.

Il restais contre la cheminée, écoutant les paroles d'Alzaëlle.

Il eu soudain un accès de rage froide et calme.

Il se retourna vers elle, les yeux plus sombres que jamais.

«Pas irrémédiablement anéanti ? Mes parents ne sont peut-être pas irrémédiablement morts, tant que tu y est ?»

Tout en disant celà, il s'approcha d'elle, les sourcils froncés, la haine, la colère, la tristesse, reprenant petit à petit le dessus.

Il se trouvait à quelques centimètres d'elles et la toisait, son regard froid plongeant dans les yeux sombres de la jeune fille.

Puis il eu un déclic.

*Qu'est ce que je suis en train de faire... Je ne dois pas me laisser aller à la colère ! Sinon, je n'y arriverais jamais."

Il se retourna lentement, et restant sur place :

«Désolé. Je... je ne vais pas très bien. Je dois avoir l'air d'un monstre, à crier sur la personne qui n'a pas hésité à prendre des risques pour moi..."

Il avait presque honte de lui. Quel imbécile...

Alzaëlle avait écouté la réponse de Jacen, agressive, triste.

Il la toisa. La jeune Heardarken eut quelques instants envie de fuir ce regard sombre qui la jugeait, qui lui disait qu'elle ne comprenait rien à rien. Elle était sur le point de baisser les yeux, quand elle se reprit.

L'éducation des Heardarken, encore. (Grand-Papi Heardarken a dit: "Les yeux tu ne baisseras point")

Elle se contenta de l'observer froidement, peut-être même un peu tristement.

Elle était terrifiée de ne pas comprendre, de ne pas parvenir à saisir la douleur lancinante et le malheur impitoyable qui s'abattaient sur Jacen.

Excuses.

Silence.

Que dire? Que faire?

Alzaëlle ne savait pas.

Jacen lui tournait le dos, elle ne bougea pas.

Les deux Serpentard étaient comme murés dans un silence douloureux, prostrés dans la tristesse et l'incompréhension.

Jacen n'avais plus envie de bouger.

La douleur le clouait sur place. Pas la douleur physique - ses blessures étaient depuis longtemps résorbées - mais une douleur morale, forte, lancinante.

Pourquoi est-ce qu'Alzaëlle était encore là ? Elle avait de la pitié ? C'est ce qu'il avait cru voir dans les yeux de la jeune fille.

Après tout, il ne méritait même pas de la pitié, après un tel comportement.

Heureusement qu'elle n'avais pas été réveillée dans l'infirmerie, quelques heures plus tôt, où elle l'aurais sans doute gratifié d'une délicate marque rouge sur la joue...

L'héritière des Heardarken était froide et insensible. Tant pis si elle le restait. Il apprendra à vivre avec...

Jacen ne bougeais toujours pas. Il sentait le soufle lent et court de son amie dans son dos. Si il se retournait, il devrai à nouveau affronter les yeux chargés de pitié, de mépris, d'Alzaëlle. Il attendit, de longues secondes, lorsque...

Lorsqu'Alzaëlle bougea enfin.

La jeune fille venait de se souvenir de l'étreinte des bras de l'infirmière. Bien sûr, elle l'avait écourté, repoussant la jeune femme, n'ayant pas envie qu'on la console. Mais ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là avait été doux, réconfortant.

Elle se trouvait à présent devant Jacen et elle le prit dans ses bras, pour la seconde fois en une journée.
Un peu comme un nourisson qui découvre tel ou tel sentiment, Alzaëlle venait de découvrir qu'une étreinte pouvait être réconfortant.

"Désolée"

La seconde fois qu'elle s'excusait, également.

Ca ne lui ressemblait pas, absolument pas mais elle voulait essayer de comprendre la souffrance de son camarade et tenter de la réduire; au moins un peu, même si elle savait que cela serait difficile et qu'elle était loin de disposer de toutes les armes nécessaires pour y parvenir.

Elle avait un peu honte aussi de montrer une figure plus humaine, moins heardarkenienne à Jacen.
Oui, assurément, elle préférait se trouver derrière le masque de détestable héritière des Heardarken.

Un masque. Mais en était-ce vraiment un?
Non, Alzaëlle en était persuadée, cette détestable petite fille égocentrique, c'était bien elle.

Jacen failli sursauter au contact des bras d'Alzaëlle.

Cette fois c'était elle qui s'était approchée. Cette fois c'était elle qui s'était excusée. Il en était sûr, le jeune Heardarken était en train de changer. Lentement, mais sûrement.

Il laissa son amie la serrer délicatement dans ses bras frêles, et apprécia toute la saveur d'un tel instant.

Nul doute que si les autres maisons aprennaient qu'Alzaëlle pouvais être aussi sensible, ils en profiteraient... Il ne dirais donc rien. C'était la moindre des choses qu'il puisse accomplir pour elle.

Il ferma les yeux, et laissa le temps filer...

Le temps passa. L'étreinte des deux gamins dura.

Enfin, Alzaëlle détacha doucement ses deux bras de Jacen puis elle recula d'un ou deux pas, ses yeux d'encre fixant d'une lueur étrange son camarade.

Alors, s'était-elle égarée? L'étreinte avait-elle eu l'effet escompté?

Puis, soudainement, Alzaëlle se rendit compte qu'elle s'approchait doucement mais sûrement de cette faiblesse tant détestée, tant méprisée.

Son visage se contracta légèrement. Non, elle ne deviendrait pas comme tous ses crétins qui pleuraient et s'appitoyaient sans cesse sur leur sort ou sur celui des autres.

Non.

Jamais.

Jacen se retourna vers Alzaëlle lorsque celle-çi la lâcha. Elle avait eu la gentillesse de lui apporter un peu de réconfort dans une période si sombre, et il lui adressa un sourire reconnaissant.

«J'apprécie que tu soit si gentille avec moi. Même si j'avais suvécu à la chute, je crois que je n'aurais pas pu tenir psychologiquement sans un minimum d'aide. Tu me rappelle qu'il y a toujours une raison de vouloir vivre...»

La jeune serpentard semblait elle-même étonnée de son comportement. Il est vrai que voir une telle personne venir en aide aux autres, les soutenirs, avait quelque chose d'étrange. Mais pas anormal.

Jacen n'avais pas vraiment envie de dormir, mais il lui fallais tout de même se reposer un minimum. Les autres élèves de Serpentard dormaient sûrement à une heure aussi avancée.

*Tant pis, je vais dormir ici, près du feu...*

Il s'approcha du foyer, et d'un coup de baguette, ralluma les flammes. Il prit quelques couvertures et les jeta sur un fauteuil.

Il se tourna ensuite vers Alzaëlle.

«Je vais me reposer un peu. Merçi encore pour ton aide, je ne l'oublierai pas. Sois-en sûre.»

Il marqua une pause de quelques secondes.

«Je sais que tu a été élevée d'une certaine manière, et que l'on t'a enseigné des choses telles que le mépris, où le dédain. Mais j'ai vu de quoi tu était capable. Et je sais que tout celà n'est qu'un masque. Il n'y a pas que la détestable héritière des Heardarken, il y a aussi... Alzaëlle.»

Puis il ajouta pour lui-même :

*Mais ça, tu ne veux pas l'admettre...*

Alzaëlle resta quelques instants surprise face aux paroles de Jacen.
Mais quelques instants seulement. Bien vite, le sourire moqueur de l'héritière des Heardarken reprit le dessus, bien vite cet air insupportablement arrogant et suffisant fit son retour et bien vite, sa voix de petite fille gâtée trancha le silence:

"Tu t'égares Jacen. Alzaëlle Heardarken n'est qu'une seule personne."

Le regard de la jeune fille se perdit dans les flammes qui habitaient la cheminée, ses yeux passant de l'encre au sang, son visage de la neige au coucher de soleil.

Enfin, elle releva la tête puis, alors qu'elle se dirigeait vers la porte menant au dortoir des filles (il lui importait peu de réveiller tout le monde) elle se tourna vers son camarade puis lui annonça:

"Bonne nuit Jacen."

Puis, alors qu'elle avait presque disparu dans le couloir:

"Heureuse d'avoir pu t'être d'un quelconque secours."

Jacen regarda Alzaëlle s'éloigner. Il eu soudain envie de la suivre. Mais il se ravisa. Lorsqu'il ne puis plus la voir à travers la pénombre, il se laissa enfin tomber sur le fauteuil.

Il régnait un désodre indescriptible dans sa tête. Le mélange du malheur le plus total avec le bonheur qu'il venait d'effleurer s'entremêlaient, et au final il ne savait plus que penser.

La mort.

La joie.

La tristesse.

Il resta là à penser encore et encore à tout ce qui lui était arrivé. Le destin s'amusait bien...

A peine une heure plus tard

Jacen se réveilla doucement. Il avait dormi sans faire le moindre cauchemar... étrange.

*Merçi, Alzaëlle.*

Il constata qu'il n'avait que très peu dormi. Les flammes brûlaient toujours dans l'âtre. Un peu comme la lueur dans son coeur...

Puisqu'il ne parvenait plus à dormir, Jacen décida de se lever, et d'aller marcher autours du chateau.

Ca lui permettrai d'éclaircir un peu ses idées...