Promenade très matinale

Tôt, vers 4h30-5h00


Sortant du château, après avoir dormi un peu, Jacen marcha lentement dans le parc. Il faisait un peu froid, et le soleil se levait à peine. Seules quelques timides lueurs venaient éclairer légèrement le parc, qui prenait des teintes jaunes-orangées.

Au bout de quelques minutes, Jacen avait presque fait le tour de la grande pelouse de Poudlard.

Il y eu soudain un bruit dans les buissons.

Jacen se raidit et sortit sa baguette magique. Il y avait suffisament de créatures dangereuses dans les alentours de Poudlard, il fallais mieux se méfier. S'approchant à petits pas, sa baguette levée, Jacen jeta un coup d'oeil au niveau des feuilles.

Une chose noire lui sauta dans les bras. 1138 ! Le chat revanait apparamment de la chasse, à en juger par l'élégant filet de sang qui lui coulait de la gueule, et à la pauvre souris désarticulée qui gisait juste à côté.

«T'a failli me faire peur, toi ! Tu pourrais pas dormir un peu, comme tous les autres chats ?»

Il se baissa et posa l'animal à terre. Ce dernier se frotta en ronronnant aux jambes de son maître, puis tendit l'oreille, et repartit en bondissant dans le parc, à l'assaut d'un nouveau rongeur malchanceux...

*C'est ça, amuse-toi...tu va finir obèse.*

Il regarda la chat s'éloigner pour finalement disparaître. Puis il se retrouva à nouveau seul, dans le froid.

Alzaëlle venait de sortir du Château et, dans une marche silencieuse et un peu aveugle; ayant du mal à s'habituer à l'obscurité ambiante; elle entreprit de traverser les grandes pelouses de Poudlard, pour se changer les idées.

Elle n'avait pas vu que Cornélia la suivait. Elle n'avait pas non plus vu que Jacen se trouvait à proximité.

Finalement, la jeune fille arriva juste au bord du lac quand soudainement, un bruit se fit entendre...

Jacen marchait à la recherche de son ingrat de chat lorsqu'il remarqua une silhouette qui marchait lentement vers la parc. Plutôt de petite taille. Un élève, donc.

Il se rapprocha et lorsqu'il fut à une vingtaine de mètres, constata qu'il s'agissait... d'Alzaëlle.

*Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ? *

Il hésita à aller la voir, elle aussi devait chercher le calme... pensant celà, il marcha maladroitement sur une brindille qui brisa le silence de la matinée.

Alzaëlle se tourna assez brusquement en direction du bruit, les sourcils froncés et les yeux plissés pour mieux tenter d'apprécier les détails qui se détâchaient en rares particules à cette heure trop matinale.

Une silhouette. D'un élève. Masculine.

Impossible d'en savoir plus.

La jeune fille effaça un pli imaginaire sur la cape qui lui recouvrait les épaules puis demanda, de son ton de petite poupée capricieuse et gâtée mais dans lequel perçait une certaine fatigue et la conséquence également de son mal de tête:

"Qui est là?"

Jacen failli éclater de rire en entendant le ton de la question de son amie.
Il se retint cepandant et fit quelques pas de plus en avant.

«La fontôme de Jacen. Bouh.»

Il souris franchement.

«Pourquoi est-tu là ?»

Cornélia suivait la scène à distance. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas voir à qui parlait Alzaëlle. Elle resta donc en retrait.

* Si jamais c'est une créature de la forêt...*

Dans ces cas-là, elle attaquerait. Mais pour l'instant, il n'y avait rien à faire. Elle attendit donc. De même qu'elle ne pouvait voir l'individu, celui-ci ne pouvait la voir.

(Jacen, je te hais. C'est pas bien de se moquer de la pauvre Alza...)

Alzaëlle ne goûta pas la plaisanterie. Elle avait l'impression qu'on s'amusait à lui compresser la tête et cela commençait à lui porter sur les nerfs.

Elle répondit donc à Jacen, d'un ton presque incisif:

"Et toi, qu'est-ce que tu fais là?"

La même chose qu'elle probablement. Mais la jeune fille n'avait pas envie de répondre directement à sa question, pas envie de lui faire penser que ce qui était arrivé avait pu l'ébranler d'une quelconque manière que ce soit.

Une Heardarken était un être inébranlable.

Alzaëlle se devait donc de l'être aussi mais à ce moment là, c'était particulièrement difficile.

Cornélia avait reconnut la voix de Jacen. Elle ne s'approcha donc pas. Mais elle se demandait quoi faire. Si on la surprenait, on l'accuserait d'espionnage, ce qui n'était qu'à moitié faux. Elle voulait savoir ce qui se passait chez la Marquise. Personne n'avait peut-être eu l'occasion de s'en rendre compte, mais rien qu'à sa respiration stressée dans le dortoir, Cornélia avait compris que quelque chose n'allait pas. Elle se rapprocha un peu, toujours sans un bruit, et en restant à couvert. Ainsi chachée et toute vêtue de noir, il n'y avait que très peu de chances qu'ils l'aperçoivent.

La réponse d'Alzaëlle était prévisible.

«He bien, on va dire que je n'arrive plus à dormir. J'ai donc décidé d'aller me dégourdir un peu les jambes ici.»

Il marqua une pause.

«Tu n'a toujours pas répondu à...»

Jacen entendit un bruit. Il se retourna à nouveau, baguette à la main, et vit... son chat. Celui-çi marchait tranquillement à quelques mètres de celà.

*Toi, attends que je t'attrapes.*

Puis Jacen remarqua quelque chose, pas loin de 1138. Une silhouette de petite taille.

Il n'hésita pas une seconde :

«Petrificus totalus !»

L'éclair de lumière blafarde frappa le corps de la personne qui tomba presque aussitôt sur le sol.

Il marcha en direction du corps, ramassant 1138 qui avit fait un bon prodigieux lorsque son sort avait été lançé.

«Toujours aussi froussard, hein ? Merçi quand même !»

Il tourna la tête vers Alzaëlle :

«On a de la compagnie !»

Si il s'agissait d'un petit plaisantin où fouineur, il allait passer un mauvais quart d'heure. Un très mauvais quart d'heure.

Une fois arrivé près de la personne qu'il avait pétrifié, Jacen retourna le corps habillé en noir et resta un moment étonné.

Cornélia !

Mais qu'est-ce qu'elle fabriquait ici ? Il comprit soudain pourquoi.

Alzaëlle venait de le rejoindre, et lorsqu'elle aussi fut étonnée de voir une élève de sa propre maison, il lui dit :

«Tu devrais faire plus attention à tes arrières quand tu va te promener.»

Il prit sa baguette afin de liberer Cornélia, lorsque son amie lui répondit :

Alzaëlle avait observé la scène avec étonnement, d'abord incrédule face au fait que quelqu'un l'avait suivi puis soudainement, l'envie de faire du mal au petit fouineur - le plus de mal possible - la submergea.

Elle avait besoin de se détendre et la détente - chez elle en tous cas - passait obligatoirement par faire souffrir les autres.

Elle s'approcha du corps étendu de la jeune fille puis sa bouche s'entrouvrit légèrement de stupéfaction.

C'était Cornélia!

L'envie de faire du mal s'envola. Elle n'allait pas avoir une conduite indigne avec une Serpentard, ça serait une preuve de dégénérescence grotesque.

Elle croisa les bras puis répondit à Jacen, avec une moue d'enfant vexé auquel on apprend qu'il ne faut absolument pas toucher le feu pour éviter de se brûler:

"Ca me regarde. Nous sommes à Poudlard et je doûte qu'une quelconque personne soit tentée de s'en prendre à moi... Et si c'était le cas..."

Les doigts d'Alzaëlle se serrèrent d'avantage autour de sa baguette magique que, sans même s'en rendre compte, elle avait sortit quelques instants auparavant.

Oui, elle ne se laisserait pas faire.

Cornélia s'en voulait de s'être laissée prendre ! Qu'est ce qu'elle allait faire maintenant ? En tout cas, il lui était impossible de faire le moindre mouvement. Mais s'ils la libéraient, elle ne pourrait tout de même pas avouer à Alzaëlle qu'elle s'inquiétait pour elle ! Eh bien apparement si, elle devrait le dire. Mais comment allaient-ils réagir, ça... elle n'en savait rien.

Jacen aquieça. Il ne servirai à rien de s'acharner inutilement sur une élève de sa propre maison.

«Finite Incantatum.»

Rien. Jacen fronça les sourcils. Plus fort, peut-être...

«Finite Incantatum ! »

Les membres de Cornélia cèssèrent enfin d'êtres raides et la jeune fille s'affaissa presque.

Jacen la décisagea froidement.

«Je peux savoir pourquoi tu suivais Alzaëlle ? Un tel comportement chez une serpentard, celà me déçoit beaucoups. Que tu aille fouiner chez les pouffsoufles, c'est normal. Mais ta propre maison ! »

Jacen fixa Cornélia droit dans les yeux.

«Alors ?»

Cornélia le regarda droit dans les yeux.

" Qu'est ce que tu as fait à Alzaëlle ? "

Elle en était persuadée maintenant, c'était Jacen qui avait changé Alzaëlle.

Jacen dévisagea Cornélia. Comment osait-elle être aussi curieuse ?

«Je ne lui ai rien fait. Tu me semble bien curieuse...»

En un sens, il était vrai qu'il n'avait pas fait grand-chose à Alzaëlle, c'est plutôt elle qui s'était jetée pour le rattrapper. Un geste gravé dans sa mémoire.

Jacen leva à nouveau sa baguette, et dis d'un ton las :

«S'il te plait, tu pourrais répondre à ma question ? Tu me fatigues, là.»

Il avait fait un effort immense pour ne pas cèder à la colère. Comment une serpenatrd pouvait-elle se montrer à ce point désagréable envers les siens ?

" Voilà la raison pour laquelle j'ai suivie Alzaëlle. J'était inquiète pour elle. Dans le dortoir, j'ai sentie qu'elle n'était pas bien. J'ai simplement cherchée à savoir ce qui la rendait aussi nerveuse. "

Cornélia n'avait pas peur. Mais il était normal qu'elle s'explique après tout.

Alzaëlle avait observé ses deux camarades s'affronter oralement, se toiser tour à tour.

Elle ne retint même pas une certaine surprise lorsque Cornélia avoua l'avoir sentie nerveuse, quelques minutes plus tôt, dans le dortoir.

Quelqu'un savait.

Soudainement, elle se sentait mal, plus mal encore que lorsqu'elle s'était écrasé sur le sol, plusieurs heures auparavant.

La douleur qui lui enserrait la tête se faisait plus instense. Elle aurait voulu ne plus rien ressentir, ne plus penser.

Impossible de parler. Tous ses efforts étaient consacrés à tenter de garder une allure forte, arrogante.

C'était difficile.

Jacen fronça les sourcils. Alzaëlle n'avait pas fait très attention à un moment donné, et maintenant Cornélia avait remarqué quelque chose.

Tant pis.

«Tu crois vaiment que quelqu'un à besoin de s'inquièter à propos d'Alzaëlle ? Tu pense qu'une Heardarken à besoin de l'aide d'autres personnes ? Réfléchis un peu plus.»

Il lança un regard des plus méprisant à Cornélia.

Mais lui savait. Alzaëlle avait besoin d'une aide autre que celle des doctrines familiales. Sinon, tôt où tard, elle finirait pas exploser.

«Si tu n'a rien de plus intéréssant à raconter, je te demanderai de bien vouloir partir. On à des choses à planifier pour la journée à venir.»

Jacen se retourna vers Alzaëlle qui avait l'air de bien s'amuser de la scène. Une très légère trace d'étonnement s'affichait encore sur le visage de cette dernière.

*J'espère que Cornélia à bien compris le message...*

«Bon, laissons cette pauvre Cornélia délirer toute seule. On y va ?»

Cornélia se tourna vers Alzaëlle et la fixa droit dans les yeux.

" Je sais qu'une Heardarken n'a pas besoin d'aide, mais si quelque chose ne va pas, je suis là. "

Et elle partit, laissant Jacen et Alzaëlle seuls.

Alzaëlle répondit aux paroles de Cornélia par un signe de tête mais que pensait-elle réellement?

Bien sûr, le fait que la jeune fille s'inquiète pour elle avait quelque chose de touchant, même pour la plus détestable des Serpentard mais elle se disait également qu'elle haïssait cela, qu'elle détestait qu'on la croit faible au point d'avoir besoin des autres pour aller bien.

Non, elle n'avait besoin de personne.

Ou tout du moins, elle l'espérait.

La jeune fille observa la silhouette de Cornélia disparaître puis elle se tourna vers Jacen.

Ce dernier attendit qu'Alzaëlle lui fit face pour lui adresser à nouveau la parole.

«Il y a quelque chose qui ne va pas ?»

C'était manifestement le cas, à en juger par l'expression de la jeune fille.

«Au fait, tu ne m'a toujours pas dit pourquoi tu était venue ici. On a été interrompus par cette petite curieuse.»

Jacen se demandait pourquoi elle se trouvait là. C'était peut-être le simple fruit du hasard, mais il voulait en être sûr.

"Non, tout va bien."

Quatre mots.

Quatre coups de poignards.

Un ensemble qui formait un mensonge.

Un de plus.

La jeune fille avait accompagné ses paroles d'un léger mouvement de tête signifiant la négation, faisant ainsi onduler ses longues boucles d'ébène.

La douleur.

Lancinante, obsédante.

Comme une mélodie qui n'avait pour résultat que la souffrance, intense, impossible à définir, impossible à arrêter.

"J'avais envie de prendre l'air."

Six mots, cette fois, sans le moindre mensonge.

Belle progression.

Jacen écouta la réponse d'Alzaëlle.

Puis il la regarda droit dans les yeux. Il parvenait maintenant à lire dans ces sombres iris la vérité et le mensonge.

Alzaëlle essayait de cacher quelque chose.

Jacen ouvrit là bouche. Il voulait tout lui dire, de ce qu'il avait ressentit ce jour-là, de ce qu'il pensait, de ces quelques secondes dans l'infirmerie, de ces l'étreintes si réconfortantes...

Mais il n'y parvint pas. Les sentiments étaient trop forts. C'est comme si, tous à la porte de son esprit, ils se bousculaient et ne parvenaient pas à sortir.

Il la regarda à nouveau.

Puis il murmura :

«Je ne te crois pas.»

Quelques mots simples, mais suffisants, clairs, précis.

Alzaëlle regarda tristement Jacen.

Ne pouvait-il pas la croire ou tout du moins faire semblant?

Ne pouvait-il pas?!

Dans une autre situation, la jeune Heardarken n'aurait pas hésité, avec son aplomb légendaire à rétorquer qu'elle avait dit la vérité, qu'il était stupide de ne pas la croire mais ce matin là, alors que l'aurore perçait à peine à l'horizon, elle n'en n'avait pas la force.

La douleur, la fatigue, tout ce qu'elle avait éprouvé durant ces dernières heures se mélangeait confusément dans son esprit, pour l'empêcher de mentir, l'obligeant à se résoudre, à délivrer la vérité.

Mais elle ne voulait pas.

L'étau de la faiblesse de resserrait peu à peu autour d'elle, la paralysant, la rendant pareille à ses idiots qu'elle méprisait.

Elle ne voulait pas!

C'était contraire à son éducation, à la façon d'être des Heardarken, à sa manière de penser. Mais que faire, que dire?!

Résolument, elle n'avait pas la force de mentir à nouveau. C'était comme si Jacen parvenait à déterminer si elle disait la vérité ou non. Comme si ce qui était arrivé durant les dernières heures lui avait permi de comprendre, comme personne n'aurait pu le faire, la manière dont elle s'y prenait pour toujours se cacher derrière le masque de la capricieuse héritière des Heardarken.

Mais ça n'était pas un masque! Non, c'était elle! Elle avait toujours été comme cela, elle ne pouvait pas changer, elle ne voulait pas changer!

C'était comme si après s'être écrasée sur le sol, quelque chose s'était brisé en elle, l'empêchant de continuer à être comme avant, détestable et détestée mais heureuse de cette situation et se délectant d'y être enfermée.

"J'ai seulement mal à la tête."

C'était vrai.

A ce moment-là, la douleur était si forte qu'Alzaëlle en avait presque les larmes aux yeux et qu'elle devait faire tous les efforts du monde pour ne pas céder, pour ne pas se mettre à pleurer.

Pleurer.

C'était une chose dégradante, qu'elle ne supportait pas. Pourtant, à cet instant, elle aurait tellement voulu se laisser aller, pleurer encore et encore tant la douleur était forte, tant elle aurait voulu qu'elle cesse.

Elle venait de découvrir qu'elle détestait la souffrance. Avant, elle avait tout ignoré de ce sentiment, se contentant de l'administrer aux autres, d'une manière plus ou moins violente, sans réellement savoir.

Mais maintenant, elle savait.

Elle savait ce que voulait dire souffrir, ou du moins, à son échelle. Elle aurait presque voulu mourir tant le mal était insupportable, tant elle ne pouvait pas le supporter.

Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi sa tête la faisait tant souffrir.

Etait-elle en train de devenir folle?!

Si c'était cela la folie, elle s'en serait bien passé, merci.

(Alors, c'est assez long à ton goût Jacen? ^^)

(Argh, je meurs)

Alzaëlle ne prononça qu'une seule phrase, mais son visage, lui, en disait long. Il lisait à travers elle comme dans un livre ouvert.

Le visage d'habitude méprisant et hautain était très différent. Elle avait du mal à soutenir son regard, ses yeux brillaient légérement. Elle était au bord des larmes, ça se voyait. Son corps qui maintenanit normalement une posture droite, haute, se relachait, perdait de sa vanité.

Jacen eu soudain des remords d'avoir insisté à savoir pourquoi la jeune fille se trouvait ici.

Celà la regardait, après tout. Mais elle avait l'air si malheureuse...

Il s'approcha d'elle.

«Je... Excuse-moi. Je n'aurais pas du insister. Tu veux certainement rester seule.»

Il n'avait pas envie de faire souffrir Alzaëlle, elle qui avait été si gentille, elle qui l'avait compris.

Il ne supportait pas de voir un si beau visage déformé par la tristesse, la douleur. C'était au-dessus de ses forces.

Il commença à s'éloigner lentement, puis s'arrêta.

«Si tu a besoin d'aide... je suis là. Mais pas comme Cornélia. Je te comprends vraiment, je... je ne fais pas que m'inquiéter.»

Il ferma immédiatement la bouche.

*Pourquoi je lui ai dit que je m'inquiétait ! *

Il deumeura un moment interdit, jusqu'à ce que la voix d'Alzaëlle déchire le silence matinal.

(Niark, je recommence alors... ^^)

Il ne faisait pas que s'inquiéter. Ses mots résonnèrent comme autant de hurlements aux oreilles d'Alzaëlle.

On s'inquiétait encore pour elle.

C'était étrange comme sensation. Qui s'était déjà inquiété pour sa petite personne?

Ses parents bien sûr, mais elle en était certaine; même si elle ne s'en rendait pas totalement compte pour le moment: c'était par profit, pour perpétuer le nom des Heardarken.

Infâme héritage.

Puis soudainement, l'absurdité de la situation apparut à la jeune fille.

Qui devait être malheureux? Qui avait perdu ses parents quelques heures plus tôt? Qui avait tenté de se suicider?

Pas elle, c'était certain.

Une vague de culpabilité la submergea.

Elle avait mal à la tête. Un mal atroce, insupportable mais sans doute beaucoup plus facile à endurer que la souffrance à l'état pur, que la perte de deux êtres chers, que la mort.

Et pourtant, Jacen faisait face, affaiblit peut-être, mais prenant la peine de s'inquiéter pour elle, alors qu'elle, elle n'avait rien perdu, qu'elle disposait encore de tout tandis que sa détestable personnalité s'effritait doucement.

Elle aurait tellement voulu pouvoir remonter le temps, revenir quelques dizaines d'heures en arrière, pour que tout redevienne comme avant.

La folie du monde; la folie, âme qu'elle avait cru étrangère lui faisait face, monstrueuse, absolu d'horreur.

Comment la détruire? Comment?!

Autant de questions sans réponses, de haine sans sentiments, de souffrance sans raisons.

Une raison.

Peut-être y en avait-il une en fait.

La chute puis le tourbillon d'horreur dans lequel elle avait été plongée. Oui, ça devait être ça. Mais comment s'en défaire, comment réussir à redevenir comme avant, où en trouver la force; cette force qui lui permettrait de repousser toute cette faiblesse.

Alzaëlle ravala ses larmes, sentant sa gorge légèrement nouée encore.

"Merci."

Deux syllabes; deux syllabes par lesquelles elle venait de reconnaître qu'elle ne pouvait pas faire face seule, qu'elle ne pouvait pas réussir sans l'aide d'une autre personne, qu'elle était...

Faible.

Tout simplement.

D'une manière fatidique, inconcevable, insupportable.

Le dégoût, la haine, l'envie de s'enfermer dans un monde d'une noirceur absolue dans lequel on ne ressentait plus rien était insoutenable, même pour l'unique, la détestable et détestée héritière des Heardarken.