Promenade très matinale

(Mon Dieu, je réponds QUOI à ça moi ???? T'es dingue

La réponse d'Alzaëlle sembla fragile, difficile à prononcer, pleine d'incertitude.

Jacen se retourna et vit qu'elle l'observait avec des yeux pleins de... remords. Où culpabilité. Voir les deux.

Comment celà se faisait-il ?

Il hésita à partir. La laisser là, dans cet état, serait tout bonnement inhumain. La jeune fille avait beoin plus de compagnie que de solitude...

Il marcha dans sa direction, d'un pas qui se voulais assuré.

Il savait ce qu'il devait faire.

Quand il fut à son niveau, il lui prit la main avec une douceur dont il ne se serais pas crut capable quelques temps auparavant.

«C'est moi qui te remercie. Je crois que tu n'imagine pas à quel point tu m'a aidé. Personne d'autre n'aurait pu le faire comme tu l'a fait.»

Il resta quelques secondes, le regard plongé dans celui de la jeune fille.

«Je sais bien que tu ne veux pas me dire pourquoi tu est là. Mais je m'en moque. Tout ce qui compte, c'est que tu cesse de te morfondre comme ça.»

Un sourire chaleureux s'afficha sur le visage de Jacen.

(Héhé... ^^ Bon, message plus court cette fois-ci... ^^)

Les lèvres d'Alzaëlle s'étirèrent elles-aussi en ce qui se voulait être un sourire.

Elle sentait la main de Jacen refermée sur la sienne, incroyablement chaleureuse, douce.

A cet instant-là, elle ne pensa plus à la terrible migraine qui s'amusait à la faire souffrir intensément.

Elle se remémorait tout ce qui était arrivé, cherchant à comprendre la cause de cette peur soudaine qui la faisait trembler, devant laquelle elle ne se sentait pas de taille à lutter.

Puis le cauchemar qui l'avait réveillé en sursaut. Faire face à la mort, elle s'en serait cru capable mais même lorsqu'il ne s'agissait que d'un songe, elle ne pouvait pas.

Non, elle ne pouvait pas.

Puis soudainement, le barrage céda, le masque se fissura, les larmes franchirent la frontière des longs cils de jais d'Alzaëlle.

Elle n'eut que le temps de se blottir dans les bras de Jacen avant que le déluge ne débute, avant que son camarade puisse voir des larmes couler le long de ses joues trop pâles.

Elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait si mal à cet instant, pourquoi elle se trouvait réduite à pleurer dans les bras du jeune Sepentard.

Elle n'avait pas pu changer autant en quelques heures seulement. C'était impossible.

Et que devait penser Jacen d'elle à cet instant? Et qu'auraient pensé les autres élèves? Et ses parents?

Cruel déshonneur.

Jacen fut surpris quand son amie se jetta soudain dans ses bras. Il s'attendait à tout, sauf à ça.

Puis il sentit le contact tiède des larmes d'Alzaëlle contre sa peau. Elle pleurait à chaudes larmes.

Un moment, Jacen avait eu peur de se tromper.

Peur qu'Alzaëlle lui rie au nez, qu'elle se moque de lui.

Peur se s'être tromper en interprétant ses émotion.

Mais les larmes le ramenèrent à la rélaité.

Alzaëlle souffrait. Peut-être plus qu'il ne l'aurais jamais cru...

C'était à son tour d'apporter du réconfort à son amie, à son tour de la soutenir. La jeune serpentard, seule, ne tiendrait pas le coup psychologiquement.

Il ne savait pas quoi dire. Mais il savait quoi faire. Il continua de tenir la main d'Alzaëlle avec sa propre main droite, et il posa l'autre sur les longs cheveux d'ébène de la jeune fille.

Jacen la sentait sangloter contre lui, au creux de ses bras.

Drôle de sensation. Mais tellement agréable...

Il lui sembla ressentir un peu de la douleur d'Alzaëlle, due à ces épreuves traversées, aux changements qu'elle subissait. Pour quelqu'un comme elle, celà devait être très difficile...

Il posa sa tête contre la sienne, et serra un peu plus le corps agité de sanglots de la jeune fille.

Alzaëlle ne savait pas, ne comprenait pas, ne voulait pas comprendre ce qui lui arrivait.

Elle ne se souvenait pas avoir jamais pleuré ainsi, sans jouer la comédie pour obtenir quelque chose. Faire renvoyer l'un de ses professeurs particuliers par exemple.

Mais pourquoi alors? Pourquoi à ce moment là ne parvenait-elle pas à garder un peu d'arrogance et de froideur?

Etait-elle en train de changer?

Alzaëlle essuya furtivement ses larmes, et les yeux encore rouges d'avoir pleuré, elle secoua légèrement la tête, mordant sa lèvre inférieure.

Elle ne voulait pas changer.

Non.

Elle voulait encore s'enfermer dans cette douce chaleur de l'arrogance, de la puissance, de la méchanceté.
Elle voulait encore pouvoir jouer des privilèges que lui conférait son nom sans se poser de questions, sans se sentir coupable.

Elle voulait encore être une Heardarken.

Alzaëlle Heardarken, détestée, haïe mais heureuse dans cette situation et s'y complaisant à l'extrême.

La jeune fille se dégagea doucement des bras de Jacen puis elle lui murmura:

"Merci"

Elle fit quelques pas en arrière, hésita un moment puis finalement, elle sourit à son camarade et lui annonça:

"Je... Je rentre au Château. A tout à l'heure en Métamorphose."

Elle tourna les talons puis se dirigea d'un pas décidé vers l'imposante silhouette de Poudlard qui se dessinait à plusieurs mètres de là.

Elle avait trouvé.

Et elle serait à nouveau comme avant.

Jacen regarda Alzaëlle qui semblait retrouver son énergie. Elle tentait d'afficher à nouveau ce visage d'ange-démon si connu.

Jacen souris. Son amie venait de retrouver de l'assurance, du moins une bonne partie. Il ne regratta pas ce qu'il venait de faire : Alzaëlle méritait elle aussi du réconfort, même si elle se voulait absolument détestable et antisociale.

Même un simple moment comme celui-là suffit à remonter le moral.

Il restait malgré tout sur le visage de la jeune fille des traces de ce changement de caractère. Si infimes qu'il n'aurais pas crut encore les distinguer. Mais passer tant de temps en compagnie de la jeune Heardarken lui avait permi de mieux la comprendre. Beaucoups mieux.

Elle le remercia.

Jacen aquieça.

«Je t'en prie. C'est normal. Les amis sont là pour ça...»

Alzaëlle lui annonca d'une voix encore un peux hésitante qu'elle rentrait au château. Il lui adressa un signe de tête et la regarda marcher vers l'entrée du grand batiment.

Il la reverrai dans quelques heures au premier cours de la matinée.

Plus que jamais, les autres maisons de Poudlard allaient souffrir.

Enormément.